En réalisant cette pièce mixte pour uillean pipe (cornemuse irlandaise) et sons fixés (travaillés à partir de pré-enregistrements effectués avec le concours de Benoît Trémolières), un réseau de références et d’hommages s’est peu à peu mis en place : allusions croisées à la tradition musicale de l’Irlande à travers un de ses instruments de prédilection et la présence esquissée de certains de ses représentants les plus prestigieux (Seamus Ennis, Willie Clancy), à James Joyce (j’ai développé ici un traitement vocal amorcé en 1975 dans Anna Livia’s Awake, à partir de Finnegans Wake, le titre de cet ouvrage correspondant lui-même à une ballade d’où est déduit le matériau mélodique de ma pièce), à John Cage, qui a basé plusieurs œuvres sur une relecture de Finnegans Wake, dont Roaratorio, dans laquelle intervient notamment Seamus Ennis. Je me suis donc attaché à créer des rimes entre ces différents éléments, les couplant parfois (par exemple, les voix de Joyce et de Cage), de manière à provoquer toutes sortes de rebondissements et laisser ainsi émerger des liens de sympathie aussi suggestifs que possible.