d’Arrabal, 1970
C’est à l’occasion de l’élaboration de cette musique de film que j’ai senti à quel point la pratique du collage pouvait être stimulante et « dépaysante ». Avant le mixage, Arrabal et moi avions réuni un certain nombre de séquences sonores, bruits aussi bien que musiques, couvrant un champ historico-culturel très vaste, à la manière d’un jeu de cartes que nous savions devoir ultérieurement distribuer tout le long du film. C’est en partie le hasard qui nous a guidé par la suite, ainsi que les effets de surprise provoqués par les relations non-intentionnelles entre aspects visuels et auditifs. En effet, nous ne savions pas au départ quand interviendraient les différents éléments sélectionnés. En fait, ce qui nous intéressait était, me semble-t-il, de déjouer toute association conventionnelle, « obligée », entre l’image et le son, de détourner toute fonction unilatérale d’une musique citée et susciter ainsi, entre l’oeil et l’oreille, des phénomènes de distanciation, des intervalles susceptibles de détourner toute compréhension impérative de ce qui était proposé à la perception, de désorienter.