texte de Samuel Beckett, groupe instrumental et récitants
Maison de la Culture de Grenoble, mai 1981
Comment inscrire un processus musical par rapport à un texte de Samuel Beckett sans en altérer la pureté, sans obsurcir le sens du rythme et de la variation qui lui est inhérent ? Comment mettre en place un projet temporel susceptible de révéler comme complémentaires sons et mots, et inscrire la dimension du silence comme commune aux deux ? Comment concevoir une pensée musicale qui ne vienne pas se surajouter au projet littéraire, mais soit capable de se fondre organiquement en lui ? Ce sont là quelques-unes des questions que je me suis posées au moment où j’ai envisagé de travailler sur un texte de lui. Dès notre première rencontre, Beckett m’avait avoué qu’il redoutait la prise de pouvoir de la musique sur la parole dès que l’on tente d’entrecroiser ces deux modes d’expression. C’est lui qui m’a alors suggéré de partir de Bing, et nos conversations ultérieures à ce propos m’ont permis peu à peu de dépouiller la composition musicale de tout ce qui pouvait aller à l’encontre de la nudité originelle de son œuvre. Vingt ans presque jour pour jour après la création de l’ouvrage, à la Maison de la Culture de Grenoble, j’ai ainsi décidé de reconsidérer les principes de la partition et de me rapprocher de ce qu’il souhaitait. Créée au Théâtre National de Belgique en mai 2001, la nouvelle version de Bing (1980-2000 a été composée pour récitant, voix chantée, accordéon, flûte basse et violoncelle.