Piano en seizième de ton (env. 8’)
Les oeuvres graphiques de Jacques Pourcher demandent à être approchées de très près, réclament une observation aiguisée; à la manière de partitions mobiles, elles invitent à des parcours renouvelables à l’infini, territoires dont les déchiffrements successifs permettent d’entrer toujours plus en profondeur dans le réseau des éléments disposés par l’artiste avec une exceptionnelle minutie et dans les rapports qu’ils entretiennent, jusqu’à découvrir des détails toujours plus infimes. En 2002, J. Pourcher m’a proposé de réagir musicalement à quatre gouaches, Modulations. Comme il m’avait parlé de son vif intérêt pour la microtonalité, et que je souhaitais par ailleurs composer une pièce pour piano en seizième de ton à l’intention de Martine Joste, j’ai imaginé un ensemble de séquences qui constituent autant de stratégies quasi géométriques basées sur des jeux d’intervalle microchromatiques. Cela me devait me permettre de concevoir une écriture harmonique susceptible d’échapper aux pôles d’attraction de la musique tempérée et d’explorer ainsi des territoires acoustiques où les références stylistiques apparaîtraient comme gelées.
Après avoir composé De proche en proche, j’ai imaginé une partition complémentaire, En guise de préambule, susceptible de devenir le premier élément d’un diptyque, basée sur des gestes pianistiques avec des allusions délibérément voilées à des types d’écriture spécifiques pour l’instrument. Toutefois, les deux pièces répondant à des logiques de composition tout à fait différents, à l’exception de la dernière séquence du Préambule dont une variante intervient au tout début de De proche en proche, j’ai pensé qu’il serait préférable de ne pas les jouer l’une à la suite de l’autre au moment du concert.