43 miniatures (92)

violon, clarinette, saxophone, piano, harpe, percussion (10′)
Groupe du Conservatoire de Poitiers, mars 1993

Cette partition entremêle des prescriptions verbales et des notations traditionnelles, dans l’esprit d’Institut de la Madeleine. Les éléments de base qui ont servi à son élaboration sont reproduits dans le livre-partition Boucles et miniatures.

« Ces miniatures sont de très courts scénarios (de 10″ à 20 » chacun) enchaînés par tuilages successifs. Chaque « miniature » est un micro-scénario qui propose une mise en situation des instrumentistes et leur offre un réservoir de sons constituant un espace harmonique qui se modèlera au fur et à mesure du déroulement de l’ensemble de la pièce. Il est prévu des modes de jeu, et surtout des rapports à établir entre les musiciens. Ce type de forme ouverte n’est certes pas nouveau. Mais ici, il s’agit d’instaurer comme une polyphonie de situations musicales et humaines, presque un propos anthropologique. Nous sommes alors confrontés à un rapport spécifique au temps, ce qui semble bien être en définitive la principale fonction de la musique. Le compositeur définit ici un temps imaginaire en confiant aux six musiciens la lourde tâche de le matérialiser. En cela, l’articulation verticale et horizontale des moments est plus importante que le déroulement linéaire lui-même. La durée (suggérée comme extrêmement concise) de chacune des séquences est donc déterminée par un double processus : d’une part celui, classique et subjectif, du rapport entre le schéma temporel et l’organisation grammaticale et expressive de la musique; d’autre part, et cela est beaucoup plus original, parce qu’il est presque objectif, celui du temps nécessaire à la mise en oeuvre des scénarios et à leur maîtrise par les musiciens. Ce deuxième rapport, s’il n’est pas consciemment perçu par l’auditeur, est en fait le plus ressenti. Il s’agit d’un temps vivant, celui qui organise les rapports entre les musiciens, et avec le public. Mais il s’agit d’un temps suspendu, perçu dans sa globalité…Une utopie aussi ancienne que l’homme lui-même quand il s’est rendu compte qu’il était le seul animal conscient qui avait un avenir, donc une fin. »
Eric Sprogis