Géométrie d’oiseaux dans l’espace (86)

texte de Jean Borreil
soprano et 16 guitares (17′)
Centre Culturel de Compiègne, mai 1987

Les premiers indices pour Géométrie d’oiseaux dans l’espace étaient les suivants : une combinaison numériquement importante de parties instrumentales, de difficultés graduées, susceptibles d’être travaillées dans une classe de guitares; différentes formes de dialogue entre l’instrument et l’univers de la voix, à travers l’écriture poétique incarnée, pour ce projet, par la présence de Jean Borreil. La double identité (francophone et catalane) de celui-ci m’a amené à jouer sur plusieurs types de traitement du texte, tantôt chanté (en catalan), lu (dans la langue du pays où est donnée la pièce), ou encore présenté sous la forme d’une pulvérisation de phonèmes soumis, dans ce cas, à un petit groupe vocal à qui j’avais fait travailler des processus de jeu, exposés à la manière de scénarios.
Deux des mots du titre, géométrie et espace, condensent mes préoccupations du moment, le troisième, oiseau, pouvant être considéré comme une émanation figurée des deux autres. La multiplication par 16 d’un unique instrument m’a en effet permis d’élaborer un ensemble de séquences basées sur des principes de dispersion, regroupement, conjonction…qui ne sont bien sûr pas étrangers aux mouvements que l’on peut observer dans la nature, notamment dans le monde des oiseaux.
L’oeuvre est constituée de trois sections; dans les première et troisième, les guitares encadrent les lignes mélodiques chantées, lui ouvrent un espace qui les prolonge ou se déploie aussi parfois de façon autonome. Au cours de la section centrale, la voix se manifeste en deçà du chant, entre deux pôles d’attraction, dont l’un serait dominé par un souci d’intelligibilité du texte, l’autre par une utilisation quasi instrumentale du matériau phonétique, avec le recours à quelques procédés de distorsion électro-acoustique. Les guitares s’introduisent alors épisodiquement dans les séquences, soit pour tisser une sorte de toile de fond, soit pour « brouiller les pistes » et relier entre elles de manière aussi intriquée que possible les sources vocales et instrumentales.